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Mes textes de concours
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7 novembre 2015

Trois sauts vers la Vérité (concours "Ecrire pour Châtel 2015")

Quand je lisais des contes de fées, je m’imaginais que des aventures de ce genre n’arrivaient jamais, et maintenant, voici que je suis en train d’en vivre une! Je les ai toujours aimés mais je pensais que tous ces êtres n’existaient pas dans la réalité, jusqu’au jour où j’ai ouvert les portes de cet atelier d’art-thérapie. C’était mon médecin qui m’avait orienté vers cette pratique: il m’assurait que ce serait une bonne alternative pour régler certains de mes problèmes. Me voilà donc en possession d’une ordonnance d’art-thérapie et de la carte de visite d’une professionnelle qui venait tout juste de s’installer et qui, selon mon médecin, obtenait des résultats extraordinaires sur les patients. J’ai ainsi pris rendez-vous pour un entretien préliminaire en vue d’être intégrée dans un des groupes déjà constitués.
Je ne cacherais pas ma surprise lors de la découverte de son atelier qui ressemblait plutôt à un bazar marocain qu’à un espace thérapeutique: il y avait ici et là des boîtes transparentes avec des perles, des serpentins, de la peinture, de l’argile, des tissus,… Autrement dit une farandole d’objets divers et variés. L’art-thérapeute n’avait, elle non plus, rien de conventionnel: sa longue robe émeraude, tout comme ses cheveux bouclés, coiffés d’un bandeau me rappelaient les magiciennes de la légende du roi Arthur. Après un interminable entretien durant lequel je dus répondre à une centaine de questions, elle m’expliqua grossièrement le déroulement d’une séance et les bénéfices que je pouvais en tirer tout en me tendant une large feuille de parchemin sur lequel figurait un contrat. Bien décidée à reprendre ma vie en main, j’acceptai et signai son unique condition: mener à leur terme toutes les séances nécessaires (trois séances dans mon cas), ce qui, à ce moment-là me sembla facilement réalisable mais aussi réellement peu. Cependant, quand je sortais de son cabinet, elle m’interpela:
-Encore une chose! Il est primordial que ce qui est fait en séance reste totalement confidentiel.
 Fatiguée par la longueur de l’entretien, je hochai la tête et je rentrai chez moi. Mon premier rendez-vous aurait lieu dans deux jours; et je commencerai par un atelier de peinture…
Les deux derniers jours sont passés à une vitesse impressionnante. J’eus à peine le temps de réfléchir un peu plus au nombre de séances proposé: trois… Voyons où cela pourra m’amener. Lorsque je franchis la porte de l’atelier, qui était entrouverte, je découvris deux femmes déjà installées et prêtes à commencer leur thérapie. Alors, je pris place à côté d’une des patientes et la thérapeute arriva; elle ferma la porte et nous annonça que nous pouvions commencer: le groupe était dorénavant au complet.
-Je ne travaille qu’en petit effectif, a-t-elle ajouté, cela vous permettra de mieux vous centrer sur vous-même et de mieux rentrer dans votre univers. Le thème sur lequel vous allez créer aujourd’hui s’intitule: «Mon espace à formuler».
Nous nous sommes alors levées et mises à chercher dans le joyeux bazar présent dans l’atelier. Je retournai à ma place avec des pinceaux, des tubes de gouache, de l’aquarelle, des pigments en poudre puis je me mis au travail: une forêt de sapin très dense ainsi qu’un hibou apparurent sur ma feuille. Ma tête commença alors à tourner, à tourner… Je me sentis comme aspirée dans cette peinture que je venais de produire. Je fermais les yeux trois secondes et… Incroyable!!! Je me retrouvais perdue au beau milieu de ma forêt de sapin, seule… Cette femme n’est pas une simple thérapeute, mais une sorcière!! Comment pourrais-je revenir  maintenant?
-Tu rentreras seulement quand tu auras découvert la provenance de ce qui t’empêche de vivre, me répondit un hibou qui descendait d’un des grands pins comme s’il eut lu mes pensées.
-Alors, je vais avoir besoin de beaucoup d’aide, ai-je murmuré.
-N’ai pas peur. Nous allons faire un bout de chemin ensemble. Et quand tu rentreras, certaines choses te paraîtront plus claires. Ce que tu dois faire, c’est trouver ta Vérité. Pour l’instant, elle ressemble à cet endroit.
-Autrement dit, il faut que je comprenne ce qui rend ma vie si oppressante… Peut-être vis-je dans un mensonge; ou ne suis-je pas ce que je devrais être…
-Peut-être, reprit le hibou. Dans tous les cas, tu es la seule à connaître la réponse. Je t’ai apporté tout ce que tu devais savoir.
-Donc tout cela expliquerait la densité de la forêt tout comme la nécessité de modifier ma vie. Poursuivre ma vie comme je l’entends, sans devoir me justifier, en acceptant ma Vérité sans suivre les chemins que les autres choisissent pour moi...
-Voilà. Tu peux rentrer chez toi. Tu as compris ce qu’il fallait que tu découvres. Bon courage pour la suite de ta quête! Car elle ne fait que commencer.
A ce moment-là, le même malaise qu’au départ de la séance repris et je me sentis arrachée de ce paysage. Je fermai les yeux et, trois secondes plus tard, me revoilà dans l’atelier d’art-thérapie, en compagnie des deux autres patientes et de la thérapeute qui annonçait la fin de cette première séance. Je la questionnai du regard.
-Prochaine séance demain à la même heure, avec un atelier sculpture, fut sa seule réponse.
Elle ajouta que le moment venu, elle répondrait à toutes mes questions. Exténuée, pour la deuxième fois je partis sans insister.
Le début de la deuxième séance fut identique à celui de la première, comme faisant écho à celle-ci. Mais cette fois, le thème était tout autre: «Ma construction à transcender». J’ai alors choisi des pompons, de l’argile, des plumes et de nombreux autres petits objets pour dresser ma sculpture. Je commençais ainsi à construire quelque chose d’inqualifiable. Aussi bancale que la Tour de Pise, ma sculpture semblait tenir grâce à la volonté du «Saint-Esprit». C’est alors qu’une impression déjà connue surgit: un immense malaise, la salle tourbillonnante, une chute sans fin, un saut dans une autre dimension. Lorsque je repris mes esprits, je me trouvais au pied de cette structure que je venais de construire. Les alentours semblaient aussi tordus et penchés que ma sculpture. Lorsque je me suis retournée, j’aperçus de drôles de créatures: leur corps était constitué d’un pompon dans lequel deux plumes étaient plantées comme deux petites ailes. Totalement irrationnelles, ces «bestioles» volaient sur le côté, une plume pointant vers le haut, l’autre vers le bas. Je m’exclamai alors:
-Tout fonctionne vraiment à l’envers ici!! Pourtant, ce paysage ne ressemble pas à la forêt d’hier mais il me rappelle lui aussi ma vie…
-C’est sûrement parce que ce lieu te montre une autre facette de celle-ci, ce que tu as construit, me répondit le plus gros des oiseaux.
-Mais il faut vraiment changer tout ça! C’est le monde à l’envers! Rien ne semble ni normal, ni stable!
-Absolument. Et il était indispensable que tu t’en rendes compte, toute seule! Voici les raisons pour lesquelles tu ne vas pas bien!! Voici ce que tu as construit pour pouvoir tenir malgré tout ce qui n’allait pas!!
-Mais on dirait que tout va s’écrouler d’un moment à l’autre! Pourquoi ne m’en suis-je pas rendue compte avant?
-Tout simplement parce que tu es ta propre ennemie: une partie de toi t’empêche de faire le nécessaire pour aller mieux: elle est terrorisée.
-Donc il faut que je lutte contre moi-même pour surpasser toutes mes peurs et construire une structure vraiment solide  qui me permettra de faire tenir ma vie… Est-ce bien cela?
-Oui. Tu as fait un très grand pas aujourd’hui pour modifier ta vie. Tu ne le ressens peut-être pas maintenant mais cette étape était indispensable dans ton avancée. Bon courage pour la suite!
Sans même avoir le temps de remercier l’oiseau, mon malaise recommença, le paysage tourbillonna à nouveau et trois secondes plus tard, je retrouvai l’atelier et notre thérapeute nous annonçant la fin de la séance et le prochain rendez-vous fixé au lendemain avec un atelier basé sur la danse.
La troisième et dernière séance se déroula de la même manière que les précédentes. Le dispositif annoncé par notre singulière art-thérapeute fut « Ma mélodie à surpasser». Mais cette fois-ci, je ne voulus aucun objet: pour danser, j’avais uniquement besoin de mon corps et de beaucoup d’espace. Je m’élançai alors dans l’atelier: je dansais frénétiquement et pourtant sans aucun effort. Tous les mouvements venaient instinctivement; probablement de mon envie récente de surpasser mes problèmes, de modifier radicalement ma vie. A ce moment-là, les murs tanguèrent, l’atelier et les autres patientes devinrent flous. Tout est indistinct, confus, vague!! Mais que m’arrive-t-il encore?!
Seule l’art-thérapeute demeurait intacte. Plus je dansais, plus elle s’avançait vers moi.
-Tu t’en es vraiment très bien sortie, a-t-elle commencé. Je t’en félicite car tu ne le sais peut-être pas mais dans ces épreuves, tu étais ta propre ennemie. Tes peurs, ta culpabilité tout comme le manque de confiance en toi étaient toujours prêts à prendre le dessus. Mais tu as réussi à les maîtriser en faisant preuve de beaucoup de courage pour affronter les vérités auxquelles tu t’es confrontée pour trouver ta propre Vérité; celle qui t’es propre.
-Je vous remercie mais qui êtes-vous? Comment faites-vous ça?
-Contrairement à tes croyances, je ne suis pas une sorcière. Je suis juste une bonne fée comme celles des contes que tu adores. Et la magie qui entoure l’atelier, elle ne peut avoir lieu que si le patient a la volonté de changer. Ta thérapie est maintenant finie mais le travail ne fait que commencer. Bonne chance!
Tout en l’écoutant, je n’avais pas cessé de danser et de virevolter. Je continuai ainsi jusqu’à l’épuisement. L’atelier s’était vidé sans que je le remarque: plus de patientes, plus de thérapeute, plus d’objets éparpillés sur le sol. A ma sortie, tout me semblait si différent et pourtant rien n’avait changé. Un monde nouveau se présentait; UNE NOUVELLE VIE! Mon conte de fée venait seulement de commencer! A moi maintenant de découvrir ce qui m’attend!

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